Mouhamed Niang mou Serigne Saliou chante le Magal de Touba qui est la commémoration du départ en exil de Ahmadou Bamba au Gabon. Cette fête religieuse date de la naissance de la confrérie, au XIXe siècle. Étymologiquement, magal est un terme wolof qui signifie « rendre hommage, célébrer, magnifier ». Dans cette chanson l’artiste retrace le parcours du cheikh. En 1895, il sera exilé près de huit ans dans l'hostile forêt vierge du Gabon, où il vécut toutes sortes d'épreuve, dont plusieurs tentatives d'assassinat ; jamais il ne cessera d'écrire, en même temps qu'il y vécut en ermite, coupé de tout. Même revenu au Sénégal fin 1902, il vivra en captivité. Il sera en effet à nouveau déporté, cette fois en Mauritanie, jusqu'en 1907. Quand il finit par revenir, l'accès à Touba, le centre spirituel muride auquel il avait donné le jour, lui sera interdit, toujours par crainte d'un soulèvement. Son action sociale fut importante. Il sera responsable d'un certain nombre de mesures qui entraîneront un véritable redressement économique du pays et de son miracle agricole (un djihad vert qui se poursuit encore aujourd'hui) ; la France finit même par ne plus voir en lui un ennemi et lui remit la légion d'honneur en dépit du fait qu'il ait toujours traité les multiples tentatives de manipulation des forces coloniales avec un souverain mépris. « Je vous fais savoir, écrira-t-il à l'autorité locale, que je suis le captif de Dieu, et ne reconnais pas d'autre autorité que Lui. » Il refusa d'ailleurs de porter la légion d'honneur.